Julia de Funès, est intervenue le 22 mars dernier devant nos collaborateurs pour évoquer les nouvelles modalités d’organisation du travail. Nous avons profité de l’occasion pour lui poser quelques questions.
Selon vous, les attentes des candidats ont-elles évoluées ?
Julia de Funes (JF) : Cela dépend de quels candidats on parle et pour quel type d’entreprise ils postulent. A 25 ans ou à 45 ans on n’a pas les mêmes attentes, et on attend pas la même chose selon que l’on souhaite intégrer une grande entreprise ou une PME. En revanche, pour l’entreprise, il y a bien un changement de paradigme. Car elle est perçue non pas comme une finalité en soi, mais comme un moyen pour répondre à une cause plus grande qu’elle-même : environnementale ou sociétale par exemple. Les entreprises à mission illustrent ce changement de paradigme qui devient très impactant dans le choix des candidats.
Le sens du travail a également changé. Je résonne en termes générationnel. Dans ma génération, le travail pouvait être une finalité en soi. Maintenant, ce n’est plus un accomplissement suprême, cela devient un moyen au service de la vie personnelle, il y a un changement d’investissement.
Pour attirer et recruter les jeunes générations, l’entreprise doit intégrer ces évolutions.
Le télétravail, ou mode hybride, est-ce une réelle révolution ?
JF : Oui c’est une révolution au sens où le télétravail transforme non seulement son rapport au travail mais aussi son organisation. Les habitudes contractualisées depuis des années se voient chamboulées. Sa vie privée est clairement impactée, car le lieu de vie peut devenir le lieu de travail, se pose alors la question du mobilier de bureau, de la gestion des transports de ses enfants par exemple, etc. Le rapport au travail a aussi changé. Il est mêlé au foyer, et de fait, est moins sacralisé que lorsque l’on se rend dans un bureau ou dans une entreprise.
Vie professionnelle, vie personnelle, immobilier, rythme de travail, rythme de vie : c’est une sorte de révolution personnelle. Différents champs sont impactés, à ce titre on peut donc parler de révolution ou de grand bouleversement. C’est ce que j’ai développé dans mon intervention auprès des collaborateurs.
L’entreprise doit repenser son espace immobilier qui vit une révolution car les gens ne se rencontrent plus au bureau. Elle n’est plus réellement un lieu de travail puisqu’on peut travailler de partout – pas nécessairement dans la période actuelle – mais en soi on peut travailler depuis un bistro, un espace de coworking, depuis chez soi.
Cela change le sens du bureau, qui devient moins un lieu de travail, qu’un lieu important, essentiel, mais de socialisation, de rencontres, de réunions, d’échanges. C’est exactement l’inverse que ce que nous connaissions. Avant le bureau était le lieu de travail, et les moments informels se faisaient en dehors. La logique est complétement inversée.
Qu’est-ce qu’un cadre de travail idéal ? Selon vous comment les entreprises peuvent y répondre ?
JF : Il y a eu beaucoup d’illusions sur ce sujet depuis une dizaine d’années avec l’aménagement des bureaux. Il y a eu une grande mode immobilière visant à transformer les espaces de travail avec des roof top, des bars à bonbons, des espaces de jeux, des baby foots. C’est un peu Disney, avec de la couleur, du ludique, du fun. Ce qui est vrai, cela a amélioré les espaces qui étaient gris en rendant les choses plus colorées et plus « smooths ».
Néanmoins, cela n’a pas rendu les salariés heureux. On a trop investi les cadres et l’artifice «bonheuriste» en pensant que ça allait rendre les gens heureux.
Le cadre de bureau idéal, c’est celui qu’on choisit. Il n’y a pas de modèle, ce n’est pas une histoire de planification immobilière ou de décoration, le cadre idéal, c’est celui qui correspond à chaque individualité. Pour l’entreprise l’enjeu est d’être plus à l’écoute pour permettre aux salariés de travailler de la manière la plus autonome possible et surtout pas de façon standardisée dans des modes managériales.